» Ce document très secret décrit la rencontre face à face entre les espions russes et les conspirateurs ».
Lundi dernier, la principale chaîne d’information russe, Vesti, a publié un article d’investigation sensationnel sur les informations principales du soir, alléguant qu’en 2009, les services secrets russes ont découvert un complot de la CIA visant à démettre le premier ministre de l’époque Kostas Karamanlis et à l’assassiner si nécessaire, pour son soutien de la Russie, en particulier le gazoduc South Stream vers l’Europe.
Une partie du complot impliquait l’orchestration de violence dans la rue en infiltrant les partis politiques de tactiques de révolution des couleurs.
L’histoire pourrait être tirée d’un épisode de « Homeland », voici la transcription complète du segment. La vidéo est sous-titrée en anglais.
« Une conspiration à Athènes, un thriller politique, une sensation, un complot digne de John Le Carre ou Ian Fleming ».
Une histoire presque manquée par les médias. Mais l’histoire est fascinante, avec des rebondissements inattendus.


C’est une véritable histoire de détective, mais le détective n’est pas de Hollywood ni de  Grande Bretagne, ou même de Scandinavie.
Cette histoire a eu lieu en Grèce.
Les nouvelles sur les services secrets américains qui nous mettent sur écoute et qui filent de nombreux dirigeants politiques, même s’ils sont dirigeants d’un pays ou d’un gouvernement, ne surprennent plus personne une fois de plus.
Souvenons-nous de Angela Merkel et des plans de destitution. C’était censé être un retrait physique du territoire de l’Union Européenne.
On ne le rencontre pas souvent. C’est déjà un nouveau chapitre.
Cette histoire débute en 2008, peut-être même avant cela. Le premier ministre de la Grèce est Kostas Karamanlis.
C’est un conservateur de droite, membre de la nouvelle démocratie, comme tous les autres premiers ministres Grecs. Il fait face à de nombreuses difficultés économiques, et à une opposition infatigable.
Karamanlis suit le cours de réformes, lutte contre le chômage.
Dans sa politique étrangère, il tente de se rapprocher de la Russie, dans plusieurs directions clés à la fois. De l’augmentation du volume des échanges commerciaux à l’achat d’armes.
Karamanlis appelait Vladimir Poutine son ami, et Moscou était un allié stratégique. . Mais la principale source d’énergie – Karamanlis a soutenu la participation de la Grèce à l’oléoduc Bourgas-Alexandroupoli et au South Stream. Il s’agissait d’un gazoduc destiné à acheminer le pétrole et le gaz russe vers l’Europe du Sud et l’Europe centrale.
Pour les Grecs les deux projets étaient supposés être lucratifs.
Des accords entre les gouvernements ont été signés. Kostas Karamanlis ne pouvait pas savoir qu’en raison de ces réunions et négociations, et non pas des accords, certaines forces en Grèce et au-delà commenceraient un plan complexe pour perturber les projets.
De la situation normale de déstabilisation dans le pays au changement de cap politique, en passant par la liquidation de l’objectif principal. Cela signifie Karamanlis lui-même.
Ceci est devenu célèbre étant donnés les nombreux articles de presse grecque. Les journalistes ont mis la main sur des bribes d’informations.
Et désormais, il est possible d’essayer de reconstituer l’ensemble du tableau, et de reconstruire le puzzle.
Si nous devons croire ce qui a été publié, le plan a été appelé Pythia-1.
La Pythie, comme nous le savons de l’histoire de la Grèce antique, était une grande prêtresse Oracle, que les dirigeants écoutaient avant de prendre des décisions importantes.
Ce plan devait être exécuté par quelques agents étrangers, déployés en Grèce
Personne ne sait de quels pays ils sont originaires. Mais c’est un fait connu qu’ils avaient des alliés parmi les Grecs. Cela inclut l’armée, les autorités et les députés.
C’était un groupe bien organisé, qui avait suivi le dirigeant grec. On pourrait dire que son assassinat a été programmé. Mais comment les Grecs en ont-ils entendu parler ?
Si vous croyez la presse grecque, ils l’ont appris des Russes. Le service national grec de renseignement a reçu un conseil du FSB (l’organisation qui a succédé au KGB).
Sur la base de ces données, un document top secret est créé. Bien qu’il soit classifié, il est mis à la disposition de la presse et devient la base des publications, mais aussi d’une enquête judiciaire.
Mais comment le FSB a-t-il appris la conspiration contre Karamanlis ?
Le matériel médiatique indique que les services spéciaux russes se sont intéressés à cette histoire après que certains agents étrangers eurent tenté de mettre sur écoute Kostas Karamanlis, Georgi Parvanov, l’ancien président bulgare et Vladimir Poutine.
Au cours de ces conversations, ils ont parlé des gazoducs et des approvisionnements en pétrole et en gaz.
En Occident, quelqu’un ne souhaitait vraiment pas que les projets de Burgas-Alexandroupoli et le South Stream soient réalisés.
Cela est difficile à croire, mais mettre tout un pays dans le chaos reste une excellente option.
Pour déterminer l’ampleur de la conspiration et découvrir ses membres, et pour l’empêcher de se produire, le FSB a envoyé un groupe d’enquête en Grèce.
Nous vous rappelons que tout cela provient des informations classifiées des forces spéciales grecques qui ont été publiées dans la presse.
Les services d’Intel ont déterminé qu’en Grèce, dans le cadre de la conspiration antigouvernementale, au moins 7 groupes terroristes étaient impliqués.
Parmi eux, 3 sont spécialisés dans le vol et l’enlèvement. Ils ont volé et enlevé des hommes d’affaires.
Tout ceci a été fait afin de créer une atmosphère de chaos et de peur dans les rues et dans les affaires. C’est-ce que signifie la déstabilisation.
Quatre autres groupes étaient responsables de l’organisation  du chaos. 2008 a été l’année de confrontations constantes dans les villes grecques, entre la police et les divers manifestants.
Le chaos aurait commencé après que les policiers eurent tué un adolescent.
Les manifestations étaient pleines d’étudiants et de citoyens en colère.
Il y avait également des gens qui ont simplement profité de tels mouvements.
Parmi eux se trouvaient des personnes portant des masques noirs. Des militants d’extrême gauche. Personne ne sait qui ils sont.
C’est une autre question qui les contrôle. Surtout compte tenu du fait que des intrus étrangers ont aggravé les choses dans la rue.
Le chaos de masse à Athènes et dans d’autres villes, et l’augmentation des tensions économique et sociale ont vraiment affaibli les positions du gouvernement Karamanlis.
Cependant, les intrus n’ont pas réussi à assassiner le Premier ministre. Ils l’ont cependant surveillé de près.
« Ce document très secret décrit la rencontre face à face entre les espions russes et les conspirateurs ».
C’est ce qui se serait passé en avril 2008, autour de Nea Makri en Attique, après un accrochage sur la route du monastère de St. Ephraim.
Apparemment, l’attention des gardes du Premier ministre et des espions russes a été attirée par un drôle de monospace.
Les gens à l’intérieur sont partis après l’incident sur une moto sans plaques d’immatriculation.
A l’intérieur du monospace, ils ont trouvé un arsenal d’armes, notamment des explosifs, des fusils Kalachnikovs, des outils de communication, du matériel de vision nocturne, des cartes détaillées avec l’itinéraire du Premier ministre et des informations détaillées sur ses gardes du corps.
Qui sait ce qui serait arrivé à Karamanlis et à la Grèce entière, sans l’incident au feu rouge. Les armes et les cartes ont été prises comme preuves.
Le bureau du procureur général a ouvert une enquête. Et après plusieurs années, l’affaire a été portée devant un tribunal.
Tous les noms des membres du complot ont été gardés secrets. Tout cela dans l’intérêt de l’enquête.
Nous avons seulement quelques noms. William Basil, un ancien agent de la CIA.
Il vivait et travaillait en Grèce depuis la moitié des années 90. Il était considéré comme étant le meilleur en surveillance et écoute téléphoniques.
Un mandat d’arrêt a été émis en 2015. Mais Basil a eu le temps de fuir.
C’est un fait connu que la mise sur écoute de Karamanlis était faite à partir de son téléphone personnel.
Il a également utilisé des cartes SIM, enregistrées à Athènes sous l’ambassade américaine.
L’ancien député grec, Michalis Karchimakis, est accusé de trahison et de divulgation de secrets d’Etat.
Il faisait partie du PASOK. C’était un allié de George Papandreou. Il est l’ennemi politique de Karamanlis, un socialiste.
Parmi les autres accusés figurent deux anciens agents des services spéciaux grecs.
Ils sont également accusés de trahison et divulgation de secrets d’Etats concernant la sécurité nationale.
Compte tenu des données diffusées par les services d’Intel à la presse, qui mentionnaient environ 20 personnalités politiques, nous savons que ces quatre personnes ne sont que la pointe de l’iceberg.
Kostas Karamanlis est vivant, mais il a dû prendre sa retraite.
Il a perdu les élections anticipées en Octobre 2009. Il a été forcé de fuir à cause des protestations incessantes dans la rue et de l’atmosphère tendue qui régnait.
Finalement, la Grèce a abandonné lentement le gazoduc Burgas-Alexandroupoli et le gazoduc South Stream. Ils ont décidé de ne pas acheter d’équipement militaire russe.
Même si leur relation avec la Russie est toujours d’actualité, stable et bonne, les premiers ministres qui ont remplacé Karamanlis, n’ont pas parlé d’un partenariat stratégique.
Rappelons-nous la correspondance entre les diplomates américains de WikiLeaks.
La politique étrangère de Kostas Karamanlis les a rendus très malheureux pendant longtemps.
Ils ont fait beaucoup d’efforts pour commencer à creuser sous lui.
Cependant, il ne s’agissait pas seulement de ses relations avec la Russie, mais de toute une série de sujets, troublants pour les EU, les Grecs ne reconnaissant pas le Kosovo, le veto de la Macédoine pour entrer dans l’Otan, en raison du nom du pays, le conflit chypriote.
Le ton américain est très irrité et arrogant. Que se passe-t-il ? La Grèce entre dans un partenariat stratégique avec la Russie ? Nous sommes confus !
Quoi qu’il en soit, le roman mystérieux continu.
L’enquête sur la conspiration de Pythia-1 est prise au sérieux par les Grecs.
Il y aura probablement de nouveaux détails et de nouveaux suspects.
Nous vous tiendrons au courant.
Justin Huebner
Traduit par Saadia Khallouki, relu par Martha pour Réseau International